Un spectacle de Dominique Simonnot et Michel Didym
En 2012, Dominique Simonnot, Michel Didym et Bruno Ricci présentent
Comparution Immédiate 2 : Une justice sociale ?
Cette proposition inédite, d’après les chroniques judiciaires de Dominique Simonnot, met en lumière le traitement de la justice française dans les prétoires de comparution immédiate.
Notre société évolue et de nouveaux cas émergent…
Au plus proche de l’actualité brûlante de la justice française, le « trio » poursuit son travail d’investigation et propose une nouvelle sélection de chroniques cocasses et bouleversantes, reflets des rouages aléatoires de cette grande loterie qu’est notre justice du quotidien.
« On dit la justice lente, elle l’est. Mais il est une procédure qui va très vite. Ce sont les comparutions immédiates ou « CI », héritières des légendaires « flagrants délits ». Les flags. La règle est simple. Un délit commis, une arrestation, une garde-à-vue et un jugement immédiat. Trente minutes suffisent pour distribuer des mois de prison. (…)
Notre pièce raconte donc ces CI, rien n’est inventé, pas un mot, pas une phrase, pas une peine. Tout a été scrupuleusement retranscrit. Tout y est vrai. Et un seul acteur réussit la prouesse de jouer tous les rôles de cette étrange « justice »... ».
Dominique Simonnot et Michel Didym
Le tribunal est un théâtre où la parole est reine et c’est bien cette parole qui peut faire glisser d’un côté ou de l’autre du monde des vivants : la liberté sous le ciel ou la réclusion à l’ombre. L’exercice de la justice a lieu sur une scène qui n’a pas toujours la résonance médiatique donnée aux grands procès. Dominique Simonnot, journaliste à Libération, livre dans son ouvrage Justice en France une compilation de ses fameuses chroniques hebdomadaires publiées dans le quotidien à partir de 1998.
Michel Didym et Bruno Ricci se sont intéressés au chemin souvent aléatoire qui conduit du Palais de justice à la prison en accolant ces chroniques à des textes d’écrivains sur qui le filet s’est refermé. La prison est un lieu de création qu’on a tendance à oublier. Pourtant, de grandes œuvres sont nées derrière les barreaux, de celles de François Villon à Jean Genet en passant par Sade, Gramsci, Dostoïevski, Oscar Wilde ou Casanova. Ce qui frappe, dans ces textes recueillis lors d’ateliers d’écriture dans les prisons de Nancy et de Toul, c’est la qualité littéraire d’un lien entre intérieur et extérieur. À l’intérieur, il y a un être humain qui pense ou rêve, une identité qui lutte contre l’anéantissement et la destruction qui le poussent à « se fondre dans la poussière ».
Bruno Ricci ne manque pas de tact pour rendre palpable cet univers de privations. Le monde carcéral est évoqué sans cliché. Dans l’air et la lumière qui traversent les barreaux vibrent les mots forts qui viennent du réel et dans lesquels coule une sève riche d’émotion et de douleur, dans le temps suspendu du châtiment, entre rires et pleurs. Ces mots en permission sur le plateau du théâtre dessinent un fil qui nous relie à ces hommes et ces femmes qui assument ou fuient par la poésie tout en transcendant leur condition de reclus pour atteindre une grâce où se niche la vérité de leur singulière humanité.
Rien d’idyllique pourtant, ces textes sont un témoignage, pas une dénonciation. Ils posent pourtant la question de la faute et de la punition, d’un système où la violence est reine et qui offre à coup sûr la possibilité de transformer un délinquant en criminel de grande envergure. À travers ce spectacle, peut naître un regard différent et l’on doit admettre que la culture est une voie pour guider les espoirs de réhabilitation et d’ouverture au-delà de l’enfermement.