Etienne Charry donne ici à voir, et à entendre, l’un des exercices les plus spectaculaires, au sens propre du terme, de La Face B de la performance. Séquencé par le commissaire d’expositions Frank Lamy, qui prend pour l’occasion l’allure d’un présentateur télé n’hésitant pas à user, dans son micro, de superlatifs à l’humour kitsch, différents groupes se succèdent durant deux heures.
Mais quand est-il lorsqu’on découvre que tout est feint ? Ces maîtres-chanteurs, qui s’ébrouent en play-back, sont en effet issus de l’imagination d’Etienne Charry et de son label, tout aussi factice, portant le vaste nom de Catalogue. Poussant cette question de la véracité, de fausses caméras sont installées sur le plateau tandis qu’une vraie filme l’évènement pour immortaliser ce qui n’existe pas, et l’on ne sera pas étonné de découvrir que ce compositeur collabore avec Michel Gondry, réalisateur poétique de la rêverie, depuis de nombreuses années. Cette performance consiste ainsi à rendre corps, et enfiler d’un costume ce qui n’est que le fruit de l’imaginaire, tout en rendant aussi complice le spectateur. Car, dans cette parfaite mise-en-scène, où tout est faux sauf le fait d’illusionner, chacun ne devient-il pas un figurant actif et participatif ?