Ce travail de propagande pour l’art, sur le temps, est une manière « d’occuper le terrain » dans le cadre d’Occupations #9. Il interviendra tout au long de Zones de Productivités Concertées. D’autres interventions sont à attendre.
Sylvain Soussan est PDG d’une entreprise commerciale, Soussan Ltd, « fournisseur des musées et de tous les acteurs de la scène artistique contemporaine ». Cette société propose des services : sécurité, transports d’œuvres, aménagements d’espaces, restauration etc.
Au sein de son entreprise, il a ouvert une fondation lui permettant d’engager des actions de mécénats, de soutien à la création, à l’édition ou à des sportifs. Dans ce cadre, le Musée des nuages, inauguré en 1990 et dont il est le conseiller technique, est une association créé à l’initiative de la fondation, c’est un musée dont les œuvres travaillent avec le temps, dans sa polysémie. Le musée des nuages est attaché aux patrimoines naturels en général et au cycle de l’eau en particulier, c’est pour cela qu’il suffit de lever la tête pour y entrer. « Quand tout est trop simple, tout se complique », précise t-il, prenant l’exemple d’un verre d’eau…ou d’un nuage.
Pour la première exposition du musée des nuages, Sylvain Soussan est allé peindre un nuage produit par la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire, inaugurant ainsi un patrimoine d’un nouveau genre, un patrimoine négatif. La valeur d’échange est troqué contre la valeur d’usage, un nouvel usage inventé, pour la circonstance, par Sylvain Soussan.
Comme le disait son arrière grand-oncle, Marcel Soussan en 1919, inventeur du thermohygrographe, un objet utilisé à la fois dans l’agriculture et dans la muséologie : « Rien toutefois n’est parfaitement statique, il faut simplement beaucoup de temps pour s’en rendre compte ».
« S’asseoir dans une chaise longue, c’est s’inviter à une exposition que l’on découvre la tête en l’air. C’est profiter d’un laissez-passer permanent pour s’embarquer dans le paysage mouvant d’un ciel toujours redessiné, toujours contemporain. C’est se laisser distraire par le vent, une ombre, un bruissement.
Attention aux fonds de ciel uni ! Si même quelque nuage épars accroche encore en vous une pensée nomade, tout abandon prolongé vous expose à un risque. Ne vous exposez pas à la morsure profonde du soleil. Pas dans une chaise de toile du musée des nuages. Ce genre d’exposition n’est pas sans conséquence. Comme tous les musées, le musée des nuages travaille à préserver un patrimoine. Ce bien précieux, c’est vous, votre peau, vos yeux, votre confort présent et avenir. Vous trouverez toujours une zone d’ombre. A moins que de beaux stratus, cirrus ou cumulus ne viennent spontanément tirer vers vous leur couverture nuageuse. Le ciel est un paysage changeant. Le musée des nuages souhaite vous faire apprécier ces instants de fraîcheur où le soleil se voile. »
Marcel Soussan, 2006