François Morellet, né en 1926 à Cholet, est l’une des figures majeures de l’art contemporain et l’un des compagnons de route du MAC VAL depuis son ouverture. Plusieurs œuvres font partie de sa collection (Carrément décroché n°1, 2007, est actuellement exposée dans l’exposition « L’Effet Vertigo »).
Célébré et reconnu dans le monde entier (plus de 450 expositions monographiques à ce jour), il investit la salle des expositions temporaires de 1350 m2 pour un projet in situ inédit qui place le visiteur au centre de l’œuvre.
Il débute sa carrière au début des années 1950 et déploie, depuis, ses recherches entre abstraction et dérision. Le « rigoureux rigolard », comme on le surnomme, développe un œuvre radical empreint de rigueur et d’espièglerie. Il travaille très tôt à mettre le plus à distance possible toute subjectivité et tout romantisme traditionnellement associés à la figure de l’artiste démiurge. Se fixant des méthodes et des contraintes pour les appliquer et mieux les contourner, il revendique la liberté dans les règles. Formes élémentaires (lignes droites, carrés, cercles, triangles…), absence de motif, all over, compositions acentrées, principes simples (trames, grilles, superpositions, variations, systèmes, juxtapositions, fragmentations, intégrations…), progressions mathématiques, décompositions analytiques du vocabulaire de l’art, langage dépouillé, jeux de mots et calembours… constituent les éléments moteurs de cette recherche de la neutralité active. Toiles carrées, rubans adhésifs, néons, éléments naturels ou haute technologie… tout est bon pour dérouler ce programme qui joue de l’aléatoire, de la puissance infinie des combinaisons et du hasard dans la neutralité des matériaux et l’anonymat de la facture sur fond de conversation amusée avec l’histoire de l’art.
« François Morellet a réussi ce paradoxe de marier l’abstraction géométrique réputée austère et en tout cas toujours rigoureuses, avec la liberté et l’impertinence des artistes qui depuis Dada, et auparavant la joyeuse bande des Arts Incohérents ont su bousculer les normes établies. »
Alfred Pacquement, in François Morellet, Réinstallations, Centre Pompidou, 2011, P. 13.
Faisant suite aux projets de Lyon et de Nantes (« Échappatoire », du 6 juin au 5 août 2007, Musée d’art contemporain de Lyon, commissariat Thierry Raspail ; « Ma Musée », novembre 2007 – février 2008, Musée des Beaux-arts de Nantes, commissariat Blandine Chavanne et Alice Fleury), « Seven Corridors » est le titre de cette nouvelle intervention in situ. Comme à son habitude, François Morellet se donne des contraintes et le système mis en place génère automatiquement le dessin de l’œuvre. Souvent le titre, sous forme de boutade tautologique et auto-référente, donne l’une des clés du système mis en place ici pour dessiner les 7 couloirs selon le principe des lignes « au hasard », déterminées à partir des lettres de deux alphabets répartis aléatoirement autour d’un carré. 7 couloirs, 14 entrées / sorties.
Le visiteur est invité à arpenter ce tableau agrandi, cette sculpture labyrinthe de près de 20m de côté, activant ainsi l’œuvre par son déplacement.
Frank Lamy
Chargé des expositions temporaires au MAC VAL