2005
Lavis d’encre sur papier
Inventaire n°2006-1066
Acquis avec la participation du FRAM Île-de-France
Par le biais du dessin, de l’aquarelle, de l’encre, mais aussi
de la sculpture et de la photographie, Françoise Pétrovitch crée un monde mystérieux qui suggère sans trop en dire. À travers des personnages de jeunes femmes ou de jeunes filles transparaît un questionnement sur la féminité, sur la maternité, tandis que la présence d’animaux hybrides insiste de manière métaphorique sur l’étrangeté des images. Deux lavis d’encre sur papier de la série « Présentation » (2004-2005) montrent un personnage tenant un animal dans ses bras.
Sur le premier, une jeune fille rousse aux cheveux mi-longs tient
un chien dans ses bras avec un geste maternel et protecteur. Les chaussons tricotés roses que porte l’animal, petite note d’humour et de confusion, accentuent l’idée de maternité.
Sur le second, les bras d’un buste entourent précautionneusement
un lapin. L’animal, vu de dos, semble vivant mais il pourrait tout aussi bien s’agir d’une peluche, d’un doudou, d’un objet transitionnel. Le buste sans tête et la position des bras renvoient à une maternité, voire à une pietà.
Ces encres interrogent le spectateur sur la relation fusionnelle
mère/enfant et la possession d’un être que l’on s’accapare, que l’on empêche de grandir. Le nourrisson prend l’apparence d’un animal, l’amour et la tendresse protectrice de la mère peuvent laisser place ou être mêlés à des jeux de pouvoir et de domination aux conséquences destructrices. Inversement, l’enfant incarné dans un animal peut-il être « présumé innocent » ?
L’artiste interroge également la part d’animalité qui sommeille en chacun de nous, que ce soit chez l’enfant, où elle est plus évidente, ou à l’âge adulte. Deux autres lavis d’encre sur papier de Françoise Pétrovitch
sont issus de la série « Tenir debout » (2004-2005), dans laquelle
le corps féminin apparaît sous la forme d’un fragment, par le biais d’un
attribut : la chaussure à talon.
Le premier présente deux bottes noires à talon surplombant un ballon rose accroché en laisse aux chaussures. Le contraste est fort entre les bottes évoquant la féminité, le monde des adultes et le ballon renvoyant à l’enfance, au jeu, à la fête foraine ou au cirque. Françoise Pétrovitch exprime la fragilité du monde féminin : l’équilibre difficile à garder sur les bottes à talon et l’ambiguïté de la séduction, le ballon qui peut à tout moment être transpercé, qui semble avoir perdu sa légèreté et être traîné comme un boulet au lieu de voler dans les airs.