🔈 Découvrez la chronique de Lucile Commeaux diffusée sur France Culture dans « Affaire critique »
Le 27/02/23
« Histoires vraies »
Cette nouvelle exposition collective réunit les œuvres d’une quarantaine d’artistes de générations diverses. Poursuivant les recherches, autour de la construction du Sujet, développées dans les expositions temporaires depuis 2005, « Histoires vraies » prend la suite de l’exposition collective « Lignes de vies (une exposition de légendes) » (2019) qui explorait les passages poreux entre art et autobiographie, entre réel et fictions. Ce nouveau volet poursuit cette idée que tout est fiction, le réel étant superposition, feuilletage tissé d’histoires diverses et variées en s’attachant cette fois moins aux effets d’aller-retour entre l’art et le monde, mais en proposant des approches parallèles des réalités.
Ces différents artistes ont en commun le recours à des stratégies et postures fictionnelles qui s’ancrent néanmoins, dans des tentatives de description du monde, teintées, entre autres, de narration spéculative voire de documentaire. Ça invente, ça raconte, ça imagine. Elles et ils effeuillent les couches des apparences pour mettre à jour d’autres narrations, pour faire émerger d’autres récits.
(Se) raconter des histoires : ce besoin immémorial de storytelling, pour comprendre, articuler, réfléchir le monde résonne tout particulièrement à l’heure de la post vérité et autres avatars peuplant le métavers. Les réseaux sont emplis de ce qui s’appelle symptomatiquement : Réels, Stories… Décidément, tout est histoires.
Histoires vraies… Un titre pour le moins paradoxal. Qu’en est-il de la vérité ? De la véracité ? Doit-on croire ce que les artistes nous racontent ? Le réel existe-t-il en dehors de sa formulation ?
De la fiction pour mettre en crise, en questions, déconstruire, faire apparaitre ; de la fiction pour conjurer, éloigner ; de la fiction pour réparer, raconter autrement ; aider, accompagner, transmettre ; mais aussi creuser les apparences, interroger les faits, leur véracité, les modes de narrations mêmes ; de la fiction pour proposer des alternatives aux « grands récits » enfermants, de la fiction pour le simple et joyeux plaisir de fabuler. Pour paraphraser Sarah Ihler-Meyer dans une des notices du catalogue, l’exposition propose « Autant de tragi-comédies minimalistes et de micro-récits aux multiples niveaux de lectures. Chaque regardereuse est invité.e à composer sa propre narration, entre cauchemar et rêve. »