Thierry Fontaine

L’œuvre

L’œuvre de Thierry Fontaine, « Disparitions, Hommage à Aimé Césaire », est implantée au musée. « Les blessures des ancêtres font saigner les enfants » est brûlée en creux sur un panneau de padouk.
Ce bois du Cameroun est assemblé en parquet de Versailles, allusion à l’augmentation du commerce triangulaire par Louis XIV pour financer la construction du château.
Cette phrase universelle prend ici tout son sens avec la forme de l’œuvre qui évoque l’esclavage et le cri d’Aimé Césaire.

Mot de l’artiste

« Je suis de la race de ceux qu’on opprime »
Aimé Césaire

Je choisis d’écrire cette phrase : « Les blessures des ancêtres font saigner les enfant » car elle exprime la nécessité d’une lutte et d’une tâche à reconduire inlassablement : libérer la pensée et la parole, se libérer, libérer ses rêves. C’est sans doute ce qu’Aimé Césaire a voulu exprimer comme le plus essentiel à défendre : la liberté.

Comme support de cette écriture je choisis un bois particulier, le padouk, pour sa résistance dans le temps et pour son origine tropicale, matériau imputrescible (s’agissant d’une sculpture unique on ne dira pas que cet emprunt aux forêts tropicales met la planète en péril). L’origine géographique de ce bois ne correspond ni aux Caraïbes ni aux Amériques mais il s’agit là d’inviter les basses latitudes, le lointain, l’autre, quelle que soit son origine. Il s’agit également de situer l’hybridation culturelle comme un processus engageant une évolution heureuse de nos sociétés.
L’objet proposé consiste en un grand panneau de bois massif, de la forme et de la taille des panneaux habituellement réservés à la publicité dans les rues.
L’appareillage des pièces en bois est celui des parquets du château de versailles, construit à l’époque où on légitimait l’entreprise la plus dégradante pour l’humanité, l’esclavage. Les mots y sont gravés par brûlure, le bois y est marqué au fer rouge, selon une typographie simple, celle que j’imagine qu’Aimé Césaire aurait choisi.

Cette phrase : « les blessures des ancêtres font saigner les enfants », ne soutient pas seulement le nom de celui dont on veut garder et honorer la mémoire, elle indique, dans ces termes, la relation à l’esclavage, à la colonisation en général, et la lutte engagée par Aimé Césaire au nom de la liberté. Cette phrase que je propose fait partie de mon travail depuis longtemps, je l’ai déjà utilisée, ici encore elle trouve sa place.

L’ensemble fait penser au tableau noir des écoles sur lesquels les professeurs écrivaient l’essentiel de leur message pédagogique à la craie blanche. Le registre des couleurs est ici inversé : tableau clair pour texte noir. Pour Aimé Césaire, professeur, poète, enfin homme politique, l’œuvre proposée met en avant la clarté et l’évidence des mots.

Thierry Fontaine

A propos de l’artiste

Thierry Fontaine est né en 1969 à Saint-Pierre (La Réunion) et vit et travaille à Paris. Il a fait ses études à l’Ecole Nationale des Arts Décoratifs de Strasbourg et a été pensionnaire à la Villa Médicis à Rome de 1999 à 2000. Il est représenté par la Galerie des Filles du Calvaire, Paris.

Expositions personnelles (sélection) :

—  2011 Changement de main, Centre d’art contemporain de l’Onde, Vélizy
—  2005 - 2007 Chaque homme est une île, Artothèque départementale, Saint-Denis (La Réunion), Raw Space Gallery, Brisbane (Australie)
—  2003 Project Room – Galerie Yvon Lambert, Paris Expositions collectives (sélection) :
—  2011 The power of doubt : Photo Espana, Madrid, Don’t Panic, Durban (Afrique du Sud)
—  2009 Biennale d’art contemporain de Lyon et Biennale d’art contemporain de La Havane
—  2008 Flow, Studio Harlem, New-York
—  2007 Latitudes 2007, Terres du Monde, Hôtel de Ville de Paris