Un film de Ulf Peter Hallberg
👉 Samedi 16 mars 2024 à 16h
suivie d’une rencontre avec l’auteur - artiste et Nicolas Surlapierre, directeur du MAC VAL.
👉 Dimanche 17 mars de 11h à 18h
projection en continu
A l’issue de deux sessions de résidence d’écriture au MAC VAL entre avril et novembre 2023, l’écrivain d’origine Suédoise, Ulf Peter Hallberg livre au musée et à ses publics, un film témoin de sa vie au musée, de jour, de nuit, par grand bleu et ciels d’orage. Deux furtives mais intenses saisons au musée.
Synopsis :
Un écrivain est invité au MAC VAL - Musée d’art contemporain du Val-de-Marne, à Vitry-sur-Seine, près de Paris, afin de puiser dans une source nouvelle l’inspiration pour la poursuite de son œuvre, de ses pensées sur l’art, sur la vie. Depuis les années 1980, alors qu’étudiant à Paris il suivait les conférences de Michel Foucault et Yves Bonnefoy au Collège de France, l’écrivain consacre une grande partie de son travail à Walter Benjamin, le philosophe juif-allemand, mort en 1940 alors qu’il fuyait les Nazis en France. C’est dans un climat quasi similaire de monde menacé notamment par les guerre en Ukraine et Israël et leurs conséquences, que l’écrivain développe son travail en résidence au MAC VAL
La nuit, il est seul dans le musée et se sent assailli par les œuvres d’art qui lui évoquent l’apocaplypse. Il tente de s’en défendre à l’aide des concepts de ”sauvetage” de Walter Benjamin comme des ”correspondances” de Charles Baudelaire. Il prend conscience que son travail est une tentative de compéhension de sa propre vie. Il se remémore le Paris d’il y a quarante ans et son esprit se déchaîne. _ Pour lui, la mémoire est le lieu des collusions réactivées dans l’espace-temps du passé et du présent, croisement entre l’histoire de son père ”le collectionneur” et de ses apôtres, ses co-étudiants de la Sorbonne pendant dix ans, les équipes du MAC VAL et l’histoire du musée ou encore les jeunes étudiants de la classe Préparatoire en art de Vitry-sur-Seine, jusqu’au groupe de danseuses venant répéter chaque matin à neuf heures dans le Jardin du musée.
L’écrivain essaie de sauver les morts, ses parents, Ulf et Eva Hallberg, comme Benjamin et Baudelaire et pour eux, il crée deux performances théâtrales dans la grande salle du musée : ”Le Fils du collectionneur” et ”Le Retour de Baudelaire”. Mais la nuit, seul, il est hanté, à l’image de l’acteur Ben Stiller dans le film ”Night at the Museum” poursuivi par des dinosaures. Lui, à Vitry-sur-Seine, ce sont les œuvres d’art qui le provoquent et le questionnent sur l’anthropocène jusqu’au cauchemar de la fin du monde. L’écrivain se protège grâce à ses héros du cinéma vérité, des néoréalistes – sans oublier Fellini, à la Nouvelle Vague de Godard et Truffaut et se sent porté par le grand homme de théâtre Tadeusz Kantor. Il se vit comme son ”petit double” : Kantor II. Il a toujours été un homme de la fin du XIXe siècle, un flâneur, dans les petits passages parisiens, tout comme au gré des plus grandes rues des plus grandes villes du monde. En particulier Copenhague, sa ville préférée, où il a séjourné étant enfant et effectué des recherches sur August Strindberg pour son roman ”Le Messager du nord”.
Pour lui, Paris reste le grand modèle. Aidé de ses amis, l’auteur Baudelairien Jean-Paul Avice, l’écrivain Strindbergien Sylvain Briens, l’agent de sécurité du musée Guy Kalafayi, l’agente d’entretien Charlotte Chandrabaly ou le poète suédois Lasse Söderberg, il peut inventer ses spectacles et questionner l’art et la vie dans un présent rétrospectif. La dernière partie du film est la captation du spectacle dans lequel on croise Baudelaire revenant sur terre le 11 septembre 2001 et alors que dansent les participants, on entend Kantor II citer son père “Aime la vie, elle te le rendra…”.
Ce film est une quête de jeunesse éternelle, non seulement de l’âge, mais de l’énergie nécessaire à la création, à la réception d’une œuvre d’art, par l’exploration de la mémoire. Surgit l’image de la statue de Henri Murger au Jardin du Luxembourg, auteur de ”Scènes de la vie de jeunesse” (1851), à l’origine de l’opéra ”La Bohème” de Puccini, qui porte l’inscription “La jeunesse, ses amis”.
Ulf Peter Hallberg né à Malmö en Suède, vit à Berlin depuis 1983. Il y a traduit Walter Benjamin et a travaillé pour le théâtre, notamment à Berlin-Est avec Heiner Müller entre 1988-1989. Sa traduction de Paris, capitale du XIXe siècle, l’a fait connaître dans les pays scandinaves et lui a valu le Grand Prix de Traduction décerné par l’Académie Suédoise en 1992.
Dans ces romans, comme Le regard du flâneur, Berlin transit, l’inachevé ou Le messager du nord, un style à la fois cosmopolite et existentiel se dégage.
Une grande partie de son œuvre est marquée par l’art à l’aune de la notion de collection, rejouant à la fois la notion du musée de l’enfance ou le musée des obsessions. La question de l’œuvre d’art qui plane dans l’ensemble de son œuvre.
Lors de sa 1re résidence qui s’est tenue du entre avril et mai 2023, Ulf Peter Hallberg est devenu lui-même une œuvre d’art à travers son installation « Le fils du collectionneur », dans la grande salle du MAC VAL, le 23 mai 2023.
Du 14 octobre au 16 novembre 2023, il est de retour au musée et poursuivra son projet d’écrivain en résidence MAC VAL – UN MUSÉE POUR WALTER BENJAMIN - avec Le fils du collectionneur II et le film ; Le testament du collectionneur. Paris, je me souviens.
Ce travail donnera lieu à une série de rencontres dans les salles du MAC VAL le mardi 7 novembre et le mercredi 8 novembre. Le 10 novembre à 18h30, célébration de la sortie du livre de Strindberg, « Mademoiselle Julie ».
Octobre - Novembre 2023
THEATRE-ROMAN :
Les rencontres de l’écrivain en résidence Ulf Peter Hallberg au MAC VAL
Au cœur de l’exposition « L’œil vérité ».
• MARDI 7 NOVEMBRE :
13h30-15h : Walter Benjamin et l’art – Atelier d’écriture avec les étudiants des EMA et de la Sorbonne.
16h-17h30 : THÉÂTRE-ROMAN / LE FILS DU COLLECTIONNEUR I. Un musée pour Walter Benjamin.
Avec Jean-Paul Avice, le mime Sixten Ferring Houltz et la participation des étudiants de la classe préparatoire des EMA et de la Sorbonne. Musique : Thomas Lindahl.
• MERCREDI 8 NOVEMBRE :
16h-17h30 : THÉÂTRE-ROMAN / LE FILS DU COLLECTIONNEUR II. Le retour de Baudelaire.
Avec Sylvain Briens et le mime Sixten Ferring Houltz. Musique : Thomas Lindahl. (En anglais/français)
Une nuit au Musée
Un texte de Ulf Peter Hallberg
« Je suis la seule personne à vivre en permanence au MAC VAL. Cependant, la nuit, les œuvres d’art me questionnent, m’interrogent sans cesse et me posent des questions sur ma vie et mon travail. À l’instar du personnage de Ben Stiller dans le film Une nuit au Musée, je suis poursuivi et harcelé, non pas par les Apaches, les rebelles américains ou les dinosaures, mais par les œuvres d’art du MAC VAL, par les hommes et les femmes présents dans les tableaux et les installations. Je me défends en déclarant : « Je ne suis pas un artiste ! », mais cela ne fait qu’empirer la situation. Toutefois, j’ai la chance d’être sauvé à chaque fois par les agents de sécurité, mes seuls amis de la nuit, et tout aussi bienveillants pendant la journée. Quelle échappatoire pour un historien de l’art benjaminien en résidence ? En effet, je ne suis pas encore un « vrai » artiste. Je ne suis pas un Andy Warhol, Non ! Je suis comme le poète Fernando Pessoa, celui qui est tout le monde, mais pas n’importe qui. Et comme Pessoa, je me construis des alter ego pour rester anonyme. Comme le MAC VAL, je suis tributaire et héritier de Walter Benjamin : « Pour le collectionneur, le monde est présent, voire organisé, dans chacun de ses objets ».
L’idée est de voir le MAC VAL comme un lieu de compréhension, d’investigation sociale, d’intelligence, d’inspiration, d’inconnu mais avant tout une expérience de la compréhension du temps, avec un gardien de nuit ouvert pour tous ce qui se passe ».