Huile sur toile, 170 x 130 cm.
Notice
Depuis une quinzaine d’année, Valérie Favre est peintre. Avant de le devenir résolument, elle a parcouru des cultures différentes et abordé diverses formes artistiques.
Après avoir étudié la peinture pendant son enfance en Suisse, elle s’installe à Paris où elle découvre le monde du théâtre. Elle réalise dans un premier temps des décors de scène, puis devient comédienne.
La peinture deviendra pour elle, au milieu des années 1980, un univers d’interprétation et de traduction plus vaste, voire illimité.
D’un travail à l’origine de peu de moyens, de l’ascèse de la couleur et du motif, Valérie Favre rejoint une histoire de la peinture européenne (de Pontormo ou Velazquez à Watteau...). Les mondes mythologiques y croisent le fantastique. Et pourtant, le réel n’est jamais très éloigné.
Elle travaille au fil de séries. Dans celle des « Forêts » entamée en 2002, elle se réfère à la culture germanique qu’elle découvre avec son installation à Berlin en 1997, mais dont ses propres racines ne sont finalement pas si lointaines.
Ce nouveau type de paysage un monde singulier, où les arbres sont un lien physique et visible entre ciel et terre, métaphores du rêve et du réel qui se rejoignent sur la toile.
Le décor, car il s’agit bien de cela dans l’étrange univers de Valérie Favre, est donc un monde imaginaire, comme celui des jeux vidéo dont elle s’inspire ici, à la frontière entre fiction et réalité. Celui-ci est tellurique et mouvant en même temps. Les personnages qui peuplent cet univers merveilleux se livrent à une vie mystérieuse dont chacun peut inventer le récit. Ils sont eux aussi en partie issus du réel, de la fiction, telle Pinochiette, ou du cinéma, comme Dark Vador.
L’ambiance orageuse et envoûtante de cet univers provoque un trouble accru par une touche picturale toute de mouvement et par les effets outrés d’une prise de vue cinématographique, art auquel l’artiste se réfère souvent. Elle œuvre d’ailleurs ici comme un metteur en scène : « Je réunis les acteurs... Je pose consciemment le décor et tout le monde va jouer une grande fantaisie, à la fois burlesque et dramatique, masque et miroir de la réalité. »
A. F.