Poussière, tout n’est que poussière
En résonance avec le quatrième accrochage de la collection du MACVAL déroulant la piste du souvenir, de la mémoire et de la trace, l’exposition « Let’s Dance » réunit une quarantaine d’artistes internationaux et propose une déambulation dans les territoires de la célébration. Qu’est-ce qu’un anniversaire ? une fête ? une commémoration ? Que se cache-t-il derrière les feux d’artifice, les fanions et autres paillettes ? derrière ces moments de rassemblement collectifs, ces moments où le corps social s’affirme et se construit dans un même mouvement ?
Le titre fait tout aussi bien référence à l’album éponyme de David Bowie paru en 1983 qu’aux danses macabres médiévales. « Let’s Dance » compose une sorte de Vanité dans la grande tradition de l’histoire de l’art, faisant du Temps qui passe son personnage principal. Il y aura des feux d’artifice, des bougies et des cadeaux, des scènes de repas, des anniversaires de toutes sortes, de la musique, une auto-tamponneuse solitaire, des étoiles, un crâne, des trous noirs, une boule à facettes, des célébrations, des commémorations, des souvenirs, une discothèque pour danseur unique, une street fair, une reconstitution historique, un bouquet de fleurs, un sapin de Noël, des scènes de foule en délire, un char fantôme, les restes d’une fête foraine, des horloges, des journaux, des fanions noirs, un jeune homme à la recherche du temps perdu.
Il y aura d’autres choses encore.
Il n’y aura pas de miracles.
Dansons ?
Frank Lamy
Extraits d’un entretien avec Frank Lamy
“Le point de départ de l’exposition a été de se demander ce qu’est un anniversaire. Un anniversaire, ça revient chaque année et c’est un moment de célébration collective. Partant de là, je me suis intéressé à des pièces qui marquent le temps, qui dans leur processus de fabrication mettent en œuvre des processus récurrents, comme les pièces de Valérie Favre, celles de Douglas Gordon ou de Peter Dreher. Ensuite, il y a un autre ensemble de pièces qui interroge plus l’être ensemble. Comment constitue-t-on une communauté, par exemple ? Il y a aussi l’idée de la réitération chez Melanie Manchot, l’idée de reprendre ce street fair, qui est un peu l’ancêtre de nos apéros de voisins. Avec Jeremy Deller, il s’agit de reconstituer en scène un moment de lutte entre des syndicalistes et des forces de l’ordre pour mettre en lumière la violence sociale.”
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“Un des enjeux de cette exposition, c’est d’essayer de voir ce qu’il y a derrière le miroir. Qu’est-ce qui est en jeu derrière les feux d’artifice, derrière les signes de la fête ? Sans apporter de réponse évidemment et sans prétendre à l’exhaustivité, mais en essayant de décortiquer ce qui se passe et ce qu’implique le fait de célébrer ensemble un événement, quel qu’il soit. C’est aussi, il me semble, justement dans la logique de l’industrie culturelle, une manière de revendiquer l’art comme outil de réflexion sur le monde, de compréhension du réel, comme outil analytique. Cela ne se réduit pas à des paillettes, à du festif, c’est un espace de pensée.”
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“Il y a plusieurs types d’anniversaires ou de célébrations. Célébrer un individu ou un objet offre aussi au corps social une occasion de se retrouver, de se regrouper et d’affirmer un certain nombre de valeurs. Et c’est un moyen de lutter contre le temps, contre la mort : un anniversaire est un marqueur de temps et quelque chose qui met en lumière. C’est enfin une façon de ressouder la communauté et, si l’être humain a tant besoin de tout célébrer, c’est parce que la célébration est un rituel social fédérateur.”